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Campagne du Soldat Eugène VERGNE

126éme Régiment d'Infanterie

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Eugène VERGNE a été appelé à l'activité le 3 octobre 1910. Il arrive au 126ème Régiment d'Atillerie, basé à Brive la Gaillarde, caserne Brune. Il arrive le dit jour comme 2ème classe.

Il est mis en disponibilité le 25 septembre 1912, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.

Il est rappelé le 1er août 1914 et rejoint son régiment le 4 août 1914.





Le 8 Août 1914, le Régiment quitte Brive. Son voyage vers la frontière, par Limoges, Troyes, Saint-Dizier est une longue marche triomphale. Il débarque, le 10 août, à Villers-Daucourt, puis longe la lisière est de l'Argonne, cantonne à Rarécourt le 12 août, à Epinonville, Eclisfontaine le 14 août, à Ancreville le 15 août, à Martincourt et Malandry le 16 août, à Sailly le 19 août. Il quitte ce dernier village le 20 août, et exécute une marche de nuit, par Blagny et Tremblois-sur-Florenville qu'il est chargé d'organiser défensivement. Le 21 .août, à 13 heures, la canonnade se fait entendre.

Le 22 Août 1914, la Division marche sur Recogne, à travers la forêt d'Herbemont. Vers 10 heures, des coups de feu se font entendre vers Névraumont. La crête au nord du village est occupée le combat s'engage. Vers 18 heures le Régiment se trouve face au bois de Rossard, qu'il a pour mission d'enlever. Après une courte préparation d'artillerie, les bataillons s'élancent à la baïonnette sur le bois, l'enlèvent et pénètrent dans le village de Rossart.

Le lendemain, 23 août, au petit jour le régiment reçoit l'ordre de se replier sur la lisière nord de Saint-Médard. Le 3ème bataillon y est à peine installé, que l'artillerie ennemie se déclenche criblant le village de projectiles. De nouveaux replis sont effectués par ordre, sur la ligne boisée au sud de Saint-Médard, puis sur Florenville, où nous arrivons à 16 heures, et enfin sur Tremblois, où le régiment s'installe au cantonnement de bivouac.

La journée du 24 août s'annonce rude car, dès huit heures, nos batteries tirent à toute volée. Vers 17 heures, l'infanterie allemande progresse, couverte par un puissant tir d'artillerie. Plusieurs contre-attaques sont exécutées pour arrêter la progression de l'ennemi. Le soir nous recevons l'ordre de battre en retraite sur Blagny. La douloureuse marche en arrière commence.

Le 25 août 1914, le régiment cantonne à Mouzon. Le 26, il reçoit l'ordre de s'établir aux avantspostes pour défendre les passages de la Meuse. La journée se passe à attendre l'ennemi, qui manifeste seulement sa présence par une violente canonnade à explosifs, qui cause des pertes sérieuses. A la tombée du jour, la retraite recommence. Le 28 août, le régiment fait face à l'ennemi et combat vaillamment tout le jour pour arrêter, quelques heures, l'adversaire.

Le 31 août, il reçoit l'ordre de défendre Voncq. Il n'y a pas de lutte d'infanterie. Voncq est en prise à une canonnade violente, en particulier vers le soir, qui nous cause des pertes sévères. Dans la nuit, survient l'ordre de se replier sur Monthois. Nous y arrivons vers 17 heures et chacun espère prendre un peu de repos dans ce bon cantonnement. Mais il faut repartir presque sans arrêt. Le lendemain nous arrivons à Somme-Puy. Deux heures de sommeil et la pénible marche recommence, quelque fois sous le canon de l'ennemi, par Saint-Hilaire, Cuperly, Vadenay, Saint-Etienne-au-Temple, Châlons, où on arrive à 5 heures le 4 Septembre.

Le régiment est exténué, il se traîne.Après avoir franchi la Marne, à Sarry le colonel prescrit un arrêt à Orgny-aux-Boeufs. Nous prenons là, un peu de repos et un premier repas, puis nous gagnons lentement, péniblement, le cantonnement de La Chaussée.

Enfin, le 4 septembre 1914, au soir tandis que les bataillons se préparent au départ, un ordre arrive, galvanisant les énergies défaillantes : « Le moment de regarder en arrière n'est plus ».



La Marne - La Poursuite.



Le 8 Septembre 1914, le Régiment qui s'est reposé et réorganisé à Chalettes, avant de reprendre la marche en avant, est dans la région de Châtelraoult. Le 1er bataillon reçoit mission d'attaquer Courdemanges par l'est, le 3ème est chargé d'enlever la Côte 130, à l'ouest de ce village. Le 2ème bataillon se rassemble à la lisière sud de Châtelraoult, en réserve de brigade. Les attaques débouchent à onze heures. Celle du 1er Bataillon est arrêtée net, par l'intervention de l'artillerie lourde allemande et un feu violent de mousqueterie, partant du Mont Moret, que l'ennemi occupe. Le 2ème bataillon reçoit l'ordre d'enlever cette position. Après un premier assaut infructueux, il réussit à y prendre pied à 19 heures. Dans la région de Château - Beaucamps, le 3ème bataillon a atteint ses objectifs et repoussé un furieux assaut de l'ennemi. Le lendemain, on se bat toute la journée, sur les mêmes emplacements. Vers 18 heures, après un court réglage, l’artillerie lourde allemande effectue, sur les abords de l'église de Châtelraoult, un bombardement terrible qui dure une heure. Tout ce qui est aux abords de l'église disparaît sous les décombres des habitations voisines. Un obus tombe en plein sur le Poste de secours ensevelissant, sous les décombres, presque tous les blessés, et causant des pertes cruelles.

Le 10 septembre 1914, la lutte continue sur tout le front, mais on a déjà la sensation que l'ennemi fléchit. Son infanterie ne prononce aucune attaque, mais par contre, son artillerie exécute des tirs « d'arrosage » particulièrement violents sur Châtelraoult et ses abords. La relève des blessés est presque impossible, et pourtant, il en reste un grand nombre sur le champ de bataille. Il est urgent d'assainir le champ de bataille, on s'y emploie dès la tombée du jour.

L'offensive va enfin succéder à cette lutte passive. Le 11 septembre 1914, à midi, le Régiment reçoit l'ordre de se porter en avant. Il ne trouve devant lui que des cadavres. L'ennemi a profité de 1a nuit pour se décrocher. Après avoir franchi la Marne à Couvrot, il poursuit sa marche par Saint-Lumier, Bassu, Vanault-le-Châtel, Somme-Bionne, Hans, puis Saint-Jean-sur-Tourbe, villages pillés et brûlés en partie.

Le 16 septembre, il glisse vers l'Ouest, par Somme-Suippe, Suippes, ferme de Jonchery où il bivouaque, sous la pluie, dans la nuit du 17 au 18 septembre. Le 19 septembre, dès quatre heures, le régiment se porte vers le Nord. A 14 heures, il est chargé d’attaquer la côte 160 à 1.500 mètres au nord-ouest du Moulin des Wacques. La marche d'approche, sous le feu, s'exécute, très lente, au prix de pertes sérieuses. La nuit arrive, très obscure, avant que l'attaque ait pu être prononcée. Elle commence le lendemain, 20 Septembre, dès le jour, lente, méthodique, par infiltration. Un bataillon de plus est mis en ligne, nos unités poussent résolument de l'avant, gagnent quelques centaines de mètres, chèrement payés au prix de 400 hommes. Les troupes du 126ème s'accrochent désespérément au terrain, cherchent à en gagner davantage, creusent des abris légers sous un feu des plus meurtriers et la nuit vient en même temps que l'ordre de faire de nuit ce qui n'a pas réussi de jour. Le 1er bataillon, chargé de cette attaque, débouche, le 21 septembre, à 2 heures 45 des tranchées qu'il occupe au nord du Bois des Wacques et se dirige vers le saillant de la lisière boisée, à l'ouest de la côte 160, pour enlever les organisations ennemies qui sont en avant de cette lisière. Le bataillon arrive sur les tranchées vers 3 heures 30. Les patrouilles de sûreté rencontrent des sentinelles et les tuent à coup de baïonnette. La Compagnie de tête traverse une première tranchée dont les défenseurs se retirent rapidement, non sans laisser plusieurs victimes et de nombreux fusils, puis elle continue sa marche en avant, atteint une nouvelle tranchée dont les occupants, après quelques coups de feu, se replient énergiquement poursuivis par les nôtres. Ils se retirent dans le bois, d'où part bientôt une violente fusillade, qui oblige la 2ème à se terrer.

La 3ème traverse une tranchée sans s'en rendre compte immédiatement, Lorsque, emportée par son élan, elle l'a dépassée d'au moins quinze mètres, des rafales de mitraille, venant des tranchées traversées fauchent la compagnie qui, en cinq minutes perd plus de la moitié de son effectif.

Les autres compagnies du bataillon se heurtèrent à des abatis, subirent également les rafales de mitrailleuses, tourbillonnèrent dans la nuit et finalement se replièrent dans la direction générale du Moulin des Wacques. En résumé, l’action des mitrailleuses, par les pertes sensibles qu’elle a causées, par son effet moral sur les hommes, a changé en échec, un succès qui était presque obtenu.

Cette tragique nuit nous coûte plus de 400 hommes, tous tués. le régiment est relevé le 23 septembre et va s'installer à nouveau au bivouac de la ferme de Jonchery où il se réorganise et se repose.



La ferme des Marquises - Régneville - Les Eparges.



Le 27 septembre la Brigade est reconstituée. le 126ème prend position devant Auberive qui doit être attaquée. L'attaque échoue et l'ordre est donné de se retrancher sur place. la guerre des tranchées commence.

Le 16 octobre le régiment est relevé devant Auberive et va occuper après un repos de trois jours à Mourmelont les tranchées en face de la ferme des Marquises. Il restera dans ce secteur jusqu'en mars.

Le Régiment est relevé le 23 Mars 1915 par le 115ème Régiment d'Infanterie et gagne Vitry-le-François en trois étapes. Embarqué le 29, il débarque le lendemain, au petit jour,. à Pagny-sur-Meuse puis, sans:repos, se porte par Tronde et Manoncourt à Gézoncourt.

L'offensive se déclanche, en effet, le 16 Avril, menée d'abord par la 23ème division d'infanterie. Dès le 7, nous prenons part à la bataille. Le ler bataillon est désigné pour faire partie avec un bataillon du 107ème, d'une deuxième vague d'assaut A 17 heures, après une courte préparation d'artillerie; quelques groupes de la première vague se portent en avant. C'est le signal du départ : la 2ème compagnie bondit hors de ses tranchées, et en terrain découvert, sous un tir précis de l'infanterie ennemie, gagne la place d'armes que le 107ème, croit-on, vient de laisser libre. Mais elle n'y trouve pas de place, le 107ème n'ayant pu en déboucher. Dans la nuit, les bataillons de la première ligne du 107ème, épuisés, sont relevés par nos 2ème et 3ème bataillons.

Ces derniers vont exécuter le 9, l'attaque qui a échoué le 7. A 7 heures 30, après un tir d'efficacité d'artillerie, nos troupes se portent en avant. Mais dès le début de l'action le 2ème bataillon est privé de son chef. Au 3ème bataillon, c'est la 12ème compagnie qui part en avant. Le feu ennemi est tel, dans la zone du 2ème bataillon, que les hommes se jettent dans les boyaux et y sont immobilisés, l'attaque est enrayée.

Elle eecommence à 9 heures 45, après une nouvelle action d'artillerie. La 4ème compagnie est chargée d'enlever le 2ème bataillon, en l'entraînant dans son attaque.

L'attaque paraît immobilisée. Les troupes sont en mauvaise posture, mélangées, tassées dans les boyaux déjà encombrés de cadavres et sur lesquels l'artillerie et l'infanterie ennemies tirent constamment. Et il pleut ou neige depuis plusieurs jours, presque sans arrêt. Les boyaux et les tranchées dans lesquels il faut vivre, sont pleins d'une eau épaisse, jaunâtre et glaciale. L'argile gluante de la Woèvre se colle aux vêtements qu'elle imprègne, bouche les canons de fusil, empêche les mécanismes de fonctionner.

Le Régiment est enfin relevé dans la nuit du 11 au 12 avril et gagne péniblement les cantonnement de Martincourt et de St-Jean.

On dénombre 110 tués, dont un commandant,3 lieutenants et un médecin aide-major, et plus de 300 blessés.

Quelques jours d'un repos bienfaisant, employés au nettoyage des effets et des armes, à la réorganisation des unités et nous entrons à nouveau en secteur devant Régneville. Le 326ème, nous y relève bientôt ; et dans_la nuit du 23 au 24, nous reprenons le chemin de Martincourt.

Le 25, au matin, brusquement, alors que les rues de Martincourt grouillent de soldats qui flânent et devisent gaiement, des clairons sonnent le rassemblement. C'est l'alerte. Les sacs sont immédiatement bouclés et le régiment gagne Martincourt où l'attend une longue file de camions automobiles. Nous voyageons toute la nuit. Le lendemain, à l'aube, la colonne stoppe à l'entrée d'un coquet village, Genicourl-sur-Meuse.

Immédiatement les 2ème et 3ème bataillons repartent à pied vers le Nord. Nous croisons, en route, de nombreuses voitures sanitaires, quelques groupes de prisonniers allemands, des convois d'artillerie.

Les Allemands ont attaqué, la veille, sur le front Côte aux Boeufs, Mouilly, Bois-Haut, tranchée de Calonne, après un formidable bombardement. Les troupes de la défense, surprises très inférieures en nombre, ont dû se replier. Il faut, maintenant, enrayer la progression des Allemands, et les chasser des positions qu'ils nous ont enlevées.

Le régiment, rassemblé au carrefour des « Trois Jurés », reçoit l'ordre d'attaque à 13 heures 45. Il opère en liaison, à droite avec un bataillon du 91ème, à gauche avec un bataillon de Chasseurs. Son premier objectif est la lisière sud du Bois-Haut, le deuxième, la croupe à l'est du Bois (Côte 340).

Le bataillon Tabaste est en première ligne. Le bataillon de Latour suit en réserve. L'attaque se déclanche à 14 heures. Elle progresse par bonds successifs, dans des taillis épais, sous une fusillade ininterrompue et aborde l'ennemi à la baïonnette. Quelques fractions pénètrent dans les tranchées adverses et notamment la 11ème compagnie, on ne les verra plus reparaître. Le reste de la ligne, arrêté par des tirs de flanc de mitrailleuses, creuse hâtivement des abris individuels.

Plus de 150 hommes ont été tués. Mais le 126ème a réussi à enrayer l'avance ennemie et à regagner 500 mètres de terrain.

Durant toute la nuit, les Allemands tentent plusieurs contre-attaques toutes brisées par notre feu, avec de lourdes pertes, à quelques mètres de nos lignes. Le lendemain et les jours suivants de nouvelles attaques menées par des troupes fraîches échouent. La ligne atteinte par le 126ème dans la journée du 26, ne sera pas dépassée.

Le régiment, relevé dans la nuit du 30 Avril au ler Mai, se réorganise à Sommedieu. Après quelques jours de repos, il entre. en secteur à la place du 110ème dans les tranchées de Mouilly. Nous quittons définitivement les Hauts-de- Meuse, le 26 Mai, pour des cantonnements de la région de Toul (Gondreville, puis Saint-Rémy).

Le 15 Juin, nous embarquons à Pagny-sur-Meuse, pour la région d'Amiens.



Neuville Saint Vaast - juin et juillet 1915.



le 126e au cantonnement dans la région d'Amiens, à Naours, se réorganise et s'entraîne. Il est enlevé en camion automobile le 19 Juillet et transporté dans la région de Frévent. Un nouveau bond le porte, le 25 juillet, dans un cantonnement de l'arrière-front à Habarcq.

Le ler Août, il relève le 50ème Régiment d'Infanterie dans les tranchées au sud de Neuville-Saint- Waast, en liaison, à gauche, avec le 3ème C. A., à droite avec le 326ème d'infanterie. Le front du Régiment orienté sensiblement Nord-Sud a une longueur de 700 mètres et s'appuie, à gauche, au cimetière de Neuville-Saint-Waast. Devant nous, à une distance variant entre 80 et 100 mètres, la première ligne de tranchées ennemies ou tranchée du Moulin, ayant derrière elle le chemin des Moulins, avec la butte du Moulin Rouge qui paraît être un observatoire ennemi ; en arrière, la deuxième ligne, ou tranchée du Losangé; plus loin la grande route d'Arras à Lille ; vers le nord, on aperçoit la crête de Vimy.

C'est dans cette zone que le Régiment attaque le 25 Septembre, après avoir au cours de ses périodes d'occupation, préparé la parallèle de départ; créé des places d'armes, ouvert de nombreux boyaux, creusé des abris.

Dans la nuit du 24 au 25 Septembre, après un repos de huit jours, le 126ème va prendre les emplacements fixés par le plan d'engagement. La première ligne est formée à droite par le 1er bataillon, à gauche par le 2ème. Le 3ème bataillon est en deuxième ligne, derrière le bataillon Bentata. Le Régiment est en liaison à gauche avec le 129ème régiment, à droite avec le 300ème. Il est appuyé, en arrière, par six compagnies du 326ème qui forment la réserve de la 48ème brigade et par toute la 47ème brigade qui doit agir en deuxième ligne.

Les mouvements préparatoires s'effectuent dans de bonnes conditions et à 12 heures 25, les deux bataillons de tête s'élancent sur les tranchées adverses. Le bataillon Fautrat marche droit sur son objectif ; les 1ère et 4ème compagnies enlèvent, à la baïonnette les tranchées fortement défendues du Moulin, puis du Losange, et poussent résolument vers les Tilleuls. Elles atteignent la grand'route d'Arras à 12 heures 15, où elles s'arrêtent épuisées.

La progression du 2ème bataillon a été moins rapide ; la compagnie de droite franchit la tranchée du Moulin et poursuit sa marche droit devant elle au lieu de se rabattre sur la gauche, de sorte qu'elle quitte son axe de marche. La compagnie de gauche, au contraire, s'oriente trop à gauche et franchit la tranchée Brune et le Vert Halo dans le secteur du IIIe corps. La direction divergente de ces deux colonnes laisse le champ libre au 3ème bataillon qui se trouve ainsi agir en première ligne.

A 12 h. 50, deux groupements se sont formés près des Tilleuls, composés d'éléments des quatre compagnies du ler bataillon. A treize heures, une contre-attaque allemande débouche des Tilleuls, provoquant le recul de quelques paquets d'isolés, qui n'ont pas encore rejoint les éléments de tête. Ce mouvement de recul se propage peu à peu. Les éléments avancés du 2ème bataillon, privés de leurs officiers, tous tués ou blessés, sans liaison à gauche avec les troupes du IIIème Corps, se replient également dans la tranchée du Vert-Halo.

Toutes les tentatives pour gagner la tranchée des Cinq-Saules, sont paralysées par le feu d'un centre de résistance ennemi qui n'a pas été enlevé, en raison des attaques divergentes du 2ème bataillon.

Dans l'après-midi du 25 Septembre et dans la journée du 26, des groupements du 2ème bataillon et la 10ème compagnie effectuent une légère progression en liaison avec le 129ème régiment d'infanterie. Une attague de la 47ème brigade, exécutée dans la soirée du 26, est brisée devant la tranchée des Cinq-Saules par des tirs d'infanterie, de mitrailleuses et d'artillerie d'une extrême violence. Nos pertes sont lourdes. Le lieutenant-colonel Bessan a été tué. le 25 Septembre, à treize heures, sur le parapet de la tranchée conquise ; le commandant Bentata, le capitaine Vidallet, les sous-lieutenants Regerat, Touzac, Escaravage, Gotiby, Philippe et deux cent soixante-dix-huit hommes sont également tombés au cours de l'action. Dix officiers, cinq cent dix hommes ont été blessés. De nombreux cadavres d'ennemis, restés dans les tranchées conquises témoignent de la violence de la lutte.

Quelques journées de détente après ces durs combats et le Régiment entre en secteur, devant Arras, au sud de Roclincourt, puis il glisse vers le nord et va occuper le secteur de La Folie que tenait le IIIème corps, le 25 Septembre, et qui fut également le théâtre de combats acharnés. Il y reste jusqu'au 23 Décembre, alternant pour l'occupation avec le 50ème Régiment d'infanterie.

Les, périodes de tranchées sont extrêmement pénibles, il faut lutter contre deux ennemis : le Boche, qui creuse des galeries de mine, et la boue, presque aussi terrible, qui remplit nos tranchées, pénètre dans nos abris.

Après huit jours de cette vie éreintante, huit jours presque sans sommeil, passés à « jouer de l'écope » on quitte le secteur par Les Rietz, la Targette, Ecoivre, Haute-Avesmes, et on arrive au cantonnement tour à tour à Isel-les-Hameaux, à Hermaville, à Tilloy- les-Hermaville.

Après le départ de la 58ème division d'infanterie, qui occupait, le secteur de Neuville-Saint-Waast, le régiment revient monter la garde dans les tranchées qu'il enleva le 25 Septembre. Les camarades de la 58ème division d'infanterie ont bien travaillé et nous trouvons un grand nombre d'abris solides et spacieux, des tranchées et des boyaux bien entretenus.

Relevés dans ce secteur par des troupes britanniques, le 11 Mars, nous gagnons à pied Frévent où nous embarquons le 16 pour une destination inconnue. Après avoir passé un hiver si pénible dans ce Secteur agité de chacun désirerait un long repos, mais on n'ose trop l'espérer : les Boches poursuivent vigoureusement la formidable offensive qu'ils ont déclanchée à Verdun.

Le 16 Mars, le régiment débarque dans la région de Breteuil et s'installe dans les riants villages de Chepois et Mesnisl- Saint-Firmin. Ces cantonnements sont trop bons : pour que nous y restions longtemps. Le 29 Mars nous embarquons à nouveau et, par Versailles, Nogent, Troyes, le train nous emporte à Hondelaincourt, d'où nous gagnons à pied, le village de Montier-sur-Saulx.



Verdun.



Le Régiment est enlevé en camions-autos, le 8 Avril. On débarque à Baleycourt. Les 1er, et 2ème bataillons bivouaqueront dans le bois de Nixeville: le 3ème bataillon et l'Etat-Major du Régiment iront cantonner à la citadelle à la tombée du jour. L'installation au bivouac est vite faite.

Le Régiment entre en secteur dans la nuit du 14 au 15 Avril. Il relève. sur la rive gauche de la Meuse, le 50ème Régiment, avec deux bataillons en ligne, qui occupent un front d'environ douze cents mètres à l'est du village de Charny,le long de voie ferrée Charny-Marre. Le 3ème bataillon est en réserve de brigade à Thierville.

A notre droite, la 23e division d'infanterie subit, sur la côte du Poivre, un marmitage effroyable. A notre gauche, la côte 304 paraît être un volcan en éruption. Sur notre front, c'est le calme le plus absolu. Les Boches envoient bien assez fréquemment des volées de gros projectiles sur le fort de Vacherauville et l'ouvrage de Charny, mais leur tir est localisé et les tranchées que nous occupons, à la condition de rester terrés tout le jour ne reçoivent rien. Par contre, le village de Thierville est soumis à un bombardement extrêmement violent et notre malheureux bataillon de réserve y subit de lourdes pertes.

Notre tour arrive bientôt de, prendre une part effective à la grande bataille. Le 25 Mai, le Régiment, au repos dans ce même bois de Nixeville, est mis à la disposition de la 56ème division d'infanterie qui tient le front : Bois Nayves-Thiaumont. La situation est critique par là ; l'ennemi a prononcé des attaques violentes les 24 et 25. Notre défense est désorganisée. Les unités des 111ème et 112ème brigades ont vaillamment soutenu le choc, mais elles ont subi de lourdes pertes. Les survivants, en tirailleurs dans les trous d'obus, ne forment plus qu'un mince cordon coupé en deux endroits par des trous de 5 à 600 mètres.

C'est dans un de ces intervalles entre le 355ème à droite et le 63ème à gauche, que le bataillon s'engage le 26 Mai, à 18 heures. L'ennemi, qui a vu le mouvement, déclanche sur nos lignes un terrible feu de barrage en même temps qu'un feu de mousqueterie violent.

Ce même jour le 3ème bataillon reçoit l'ordre de renforcer sur la ligne Thiaumont-Lisière est: du Bois Nave les unités du 355ème et du 294ème qui en assurent la défense ; les unités, épuisées, sont relevées dans la nuit du 26 au 27 par le 2ème bataillon.

Le régiment organise et tient le secteur Thiaumont-Bois Navé jusqu'au 30 Mai, dans des conditions particulièrement difficiles. L'ennemi exécute sans arrêt un pilonnage méthodique, implacable, de nos positions. Les communications avec l'arrière sont extrêmement précaires, les ravitaillements sont impossibles. Seuls, quelques coureurs porteurs de chocolat et d'eau-de-vie parviennent jusqu'aux premières lignes. La pluie tombe sans arrêt, emplissant les trous d'obus dans lesquels nous sommes terrés et d'où l'on ne peut sortir, sans recevoir une pluie de balles. Tous, nous sentons l'attaque de l'infanterie ennemie, imminente.

C'est dans cet état d'esprit que nous surprend la relève dans la nuit du 30 au 31 Mai. Après avoir passé le secteur au 337ème, le régiment regagne péniblement le bois de Nixeville.

Après deux jours d'un repos bienfaisant, les 1er et 2ème bataillons reprennent le chemin de la citadelle, mais cette fois ce n'est que pour construire des emplacements de batterie derrière la crête de Belley.

Le 17 Juin, l'ordre de relève définitive, impatiemment attendu, arrive enfin ; le régiment s'embarque en camions-autos et s'installe le soir dans les riants villages de Saint-Lumier-la-Populeuse, Scrupt Saint-Vrai. Le 28 juin, il est transporté par chemin de fer dans la région de Fismes où il occupe successivement les cantônnements de Tramery, dans la vallée de la Vesle, puis Dravegny.

Le 17 Juillet, après une marche de deux jours, par Fismes, Villers-en-Prayères, Moulins, le 126ème relève dans le secteur de Paissy le 1er Régiment. Les deux bataillons en ligne au sud du poteau d'Ailles, ont de solides tranchées abondamment pourvues d'abris spacieux, à l'épreuve des plus gros calibres, de solides et profonds réseaux couvrent notre front. La circulation est du Secteur de Paissy facile dans les boyaux bien entretenus.

Le bataillon en réserve est installé dans les cantonnements et les maisons de Paissy ; il peut « tenir » dans ce village pittoresque où il reste encore des civils. L'Allemand est peu agressif, les « seaux à charbon » nous surprennent bien un peu, au début, par leurs explosions formidables, mais on s'y habitue, vite et il est facile de se garer de ces engins lourdauds. Cependant, vers la mi-Août le secteur se réveille un peu.

Le commandement a prescrit de construire une nouvelle tranchée pour supprimer le rentrant qui existe dans nos lignes à l'est du poteau d'Ailles ; les Allemands inquiets, envoient, toutes les nuits, de fortes patrouilles qui se heurtent aux nôtres. Pour gêner nos travaux, leur artillerie exécute, de temps à autre, quelques tirs assez violents, la nôtre riposte énergiquement et tout rentre dans l'ordre après cet échange de coups.

Le 14 Septembre, le régiment est brusquement relevé par le 61ème régiment d'infanterie et va occuper à nouveau au sud de Fismes, les cantonnements d'Arcis-le-Ponsard et de Mont-surCourville. Là, il se réorganise et s'entraîne aux nouveaux procédés de combat.

Le 14 Octobre, la division glisse vers l'Ouest. Trois journées de marché nous portent au sud de Soissons, dans les cantonnements d'Hartennes et Taux. La 24ème division d'infanterie est mise à la disposition du général commandant du Génie de la zone avancée pour l'exécution des travaux de défense, sur la première position du camp retranché de Paris. Le régiment est chargé de l'organisation de la ligne Taux-La Raperie.

Tout en travaillant ferme, chacun profite largement de ces derniers jours de repos. Le 7 Novembre, l'ordre de départ ne surprend personne. Nous sommes tous prêts, bien reposés, bien en forme.

Une première marche à travers la forêt de Villers-Cotterets nous porte à Coyolles-Yvors-Vanciénnes: Le lendemain, le Régiment cantonne à Nanteuil-le-Haudoin. Il s'embarque, le 12 Novembre, pour la Somme.



La Somme.



Embarqué à Marseille-en-Beauvaisis, le 12 Novembre, le 126ème cantonne quelques jours à Fontaine-Lavaganne, GaudeChart, puis il est transporté en camions-auto à Capy, le 18 Novembre ; il entre en secteur devant Barleux où il remplace le 279ème d'infanterie. La relève s'effectue dans de très mauvaises conditions. Le mauvais temps persistant a causé de nombreuses pannes d'autos, qui ont provoqué l'échelonnement du convoi et le mélange des unités.

Les bataillons se reforment difficilement dans la nuit épaisse, sous la pluie, sur la route d'Herbecourt, constamment encombrée par de nombreuses colonnes d'artillerie et de ravitaillement. Néanmoins, au petit jour, toutes les compagnies sont en place. Le secteur du Régiment s'étend sur une largeur d'environ 1.500 mètres. Son front, limité à droite par la carrière de Barleux, s'étend vers la gauche, en direction de la Maisonnette, jusqu'à environ un kilomètre de celle-ci. L'infanterie ennemie, la 2ème division de la Garde, arrivée depuis quelques jours, est calme ; par contre, les batteries du Mont-Saint-Quentin et d'Eterpigny, canonnent toute la journée nos tranchées et nos communications.

Cependant, malgré les tirs de l'artillerie ennemie, le Régiment travaille activement à l'amélioration de son secteur. Une attaque est d'ailleurs projetée pour une date prochaine ; il faut creuser de nouvelles tranchées où s'abriteront les deuxièmes vagues, ouvrir d'autres boyaux, créer des abris pour les dépôts de munitions et de vivres.

Le 3 Décembre, le Régiment, relevé par le 300ème d'infanterie, va cantonner à Berthaucourt et Domard, sur la Luce. Ce séjour à l'arrière est employé à la préparation de l'attaque prochaine. La 48ème brigade, entre la 470 à droite et la 258ème à gauche, a pour mission d'enlever Barleux et le système de tranchées au nord-ouest de ce village ; c'est ce dernier morceau qui est attribué au 126ème d'infanterie.

Le 14 Décembre, l'attaque est montée et l'on n'attend plus que le signal d'exécution, lorsque le général de brigade informe le régiment que cette opération est différée par suite du mauvais temps. La pluie tombe, en effet, depuis plusieurs jours sans discontinuer ; les rues des villages sont transformées en ruisseaux.

Le 15 Décembre on releve le 300ème. L'atroce relève, on. avait déjà de l'eau jusqu'à mi-jambe, sur la route d'Herbecourt à Flaucourt ; lorsqu'il faut la quitter pour prendre les boyaux, c'est bien pis. Uhe boue épaisse vous happe et il faut faire des efforts violents pour se dégager ; par endroits, des fils téléphoniques accrochent le fusil ou le sac ; ailleurs, le pied est coincé entre deux caillebotis disjoints. La colonne s'allonge, s'allonge, au désespoir des camarades de queue qui sont obligés de faire de longues stations, toujours aux points les plus battus.

La période du 15 au 20 décembre est employée à l'entretien du secteur. C'est à grand'peine et par un travail de tous les instants, que nous réussissons à conserver communication avec l'arrière.





Eugène VERGNE décède le 19 décembre 1916 des suites de blessures de guerre à l'hôpital d'évacuation n°13.

Il est médaillé à titre posthume. Soldat brave et dévoué mort pour la France le 19 décembre 1916 des suites de blessures reçues devant Barleux en accomplissant son devoir. Croix de Guerre étoile bronze.